La monnaie en Afrique : seuls 09 pays africains fabriquent eux-mêmes leur monnaie, et les autres ?
Résumé : En économie, la monnaie permet de faciliter les échanges entre agents en plus d'être une unité de compte qui permet d'attribuer une valeur aux biens et services. Au delà du caractère économique, la monnaie est une institution et fait l'objet de débat depuis quelques décennies sur le continent africain. L'une des questions la plus posée est pourquoi les pays africains ne fabriquent ils pas eux-mêmes leur monnaie?
Bon nombre de pays africains n'arrivent pas à fabriquer leur propre monnaie exception faite pour quelques pays : le Nigeria, le Kenya, le Maroc, l’Algérie, l’Égypte, le Soudan, le Ghana, la République démocratique du Congo (RDC), l'Afrique du Sud. Ces neuf (09) pays ont le mérite de produire localement leur monnaies nationales; ceci n'est pas sans difficultés pour certains d'entre eux qui enregistrent souvent des baisses de la valeur de leur monnaie. Ce sont, en revanche, des difficultés à caractère financier qui n'ont intrinsèquement rien à avoir avec le fait de posséder sa fabrique de monnaie au niveau local.
Les débats sur les questions monétaires du continent africain se sont imposés et le tabou se retire peu à peu. Même si beaucoup au sein des populations africaines connaissent très peu le processus de fabrication de leur monnaie, il est intéressant de noter que la plupart des banques centrales africaines importent leur monnaie hors du continent pour des raisons qui leur sont propres. Ceci n'est toutefois pas sans conséquences.
L'incapacité de fabriquer sa propre monnaie soulève des questions de souveraineté et de sécurité nationale. D'une part, ne pas avoir le contrôle sur la fabrique de sa propre monnaie peut occasionner un défaut de livraison du fournisseur (non respect du délai de livraison, défauts dans la qualité ou la quantité de monnaie qui entrainent un manque de liquidité) ou donner lieu à une domination ou un chantage monétaire (on peut noter par exemple la rétention de commande de billets de banque suite à des sanctions financières qui a constitué un moyen de pression expérimenté par la Lybie en 2011).
D'autre part, compte tenu de l'incapacité à fabriquer localement sa monnaie, importer ses billets de banques impose une logistique très sophistiquée pour éviter les détournements de conteneurs (exemple des dollars libériens disparus en 2018 au port de Lagos après leur expédition depuis la Suède). La sécurité nationale doit être rigoureuse dans le transport et l'acheminement de la monnaie.
Pourquoi des pays africains sont-ils obligés de faire appel à des fabriques occidentales de monnaie (en Europe ou en Amérique) ?
Loin l'idée de comparer les contextes, il ne s'agit pas que de pays africains qui impriment leurs billets à l'étranger. En exemple, la Finlande et le Danemark de même que des centaines de banques centrales dans le monde passent leur commande à des entreprises étrangères. Ce n'est donc pas un fait propres aux pays africains, d'autres pays dans le monde sont incapables de fabriquer leur propre monnaie; ainsi seule une poignée de pays y arrivent.
Pourquoi est-il difficile de fabriquer sa propre monnaie ?
Un argument économique, très évoqué d'ailleurs, explique la décision de plusieurs banques centrales d'externaliser la production de leur monnaie fiduciaire. Il s'agit des coûts d'impression très importants. Même si fabriquer un billet de banque en lui même ne coûte pas grand chose (par exemple, 1 dollar coûte 6 à 14 cents à fabriquer), le coût s'observe dans l'utilisation de la technologie de fabrication :
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L'installation de la presse à imprimer coûte cher (infrastructures, système de production) et son utilisation nécessite un savoir faire technique particulier (l'utilisation de polymère, plus durable, plutôt que l'utilisation du papier par exemple).
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Les machines d'impression produisent des millions de billets à la fois. Les économies qui ont besoin d'une petite quantité de billets n'ont pas trop grand intérêt à disposer de leur propre fabrique. Le risque d'en produire plus qu'il n'en faut est bien présent.
Fabriquer sa propre monnaie n'est pas sans inconvénients : possibilité de falsification des billets, piratage informatique, corruption des fonctionnaires, etc. Importer sa monnaie ou la fabriquer localement semble relever d'un défi.
Quelle solution pour le continent ?
Même si un pays africain ne possède pas sa propre fabrique de monnaie, ce ne serait pas de trop de solliciter l'aide du voisin en l'occurrence demander aux pays africains qui ont une capacité d'impression de billets de le faire pour les autres.
En réalité cette idée a germé dans la tête de plusieurs personnes telles que Emmanuel Asie du-Mante, ancien directeur adjoint de la banque centrale du Ghana.
Un tel projet rencontre cependant des difficultés liées au manque de confiance et aux conflits d'intérêts entre pays africains. En effet, selon lui la méfiance entre certains pays du continent au sujet de leurs intérêts individuels empêche la mise en place d'un tel projet. A cela s'ajoute, le cas de la communauté des utilisateurs du Franc CFA, leur intimité avec l'euro et la France, qui ne facilite pas les choses dans la volonté d'une coopération panafricaine.
L'espoir d'une coopération intra continentale n'est pas perdu; certains pays africains se tournent vers d'autres pays du continent pour passer leur commande d'impression: c'est le cas de la Gambie qui propose au Nigeria d'être son fournisseur.
Par ailleurs, les ensembles régionaux de pays disposant d'une monnaie unique (à savoir celles de l'Afrique de l'ouest et d'Afrique centrale) constitueraient une aubaine à la mise en place d'une fabrique de monnaie car ceux-ci bénéficient d'une stabilité et d'une intégration capable d'internaliser les coûts de production et de faire face à d'éventuels chocs.
Que pensez vous qu'il soit possible de faire pour une autonomie dans la fabrique de monnaie sur le continent africain? Vous pouvez donner votre avis en commentaire.
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